Guy Bussières

Nicaragua
2014

Dans la nuit du 12 février 2014, une quinzaine de stagiaires et moi-même nous retrouvons à l’aéroport de Montréal pour un vol en direction du Nicaragua. Nous y séjournerons durant plus de six semaines afin d’expérimenter une nouvelle façon de voyager par l’entraide humanitaire.

Nous nous étions rencontrés quelques mois auparavant durant une fin de semaine de formation préparatoire. J’avais été impressionné par la variété des expériences de vie de chacun et par notre intérêt commun pour les découvertes et les voyages. Ce soir, maintenant que nous touchons au but, les retrouvailles sont joyeuses.

Le voyage jusqu’à Managua occupe une bonne partie de la journée et j’en profite pour mieux connaître mes compagnes et compagnons de voyage. À notre arrivée, nos accompagnatrices Françoise et Patricia nous accueillent; elles sont sur place depuis quelques semaines déjà afin de voir aux derniers préparatifs. Le soir venu, nous partageons un chaleureux souper tous ensemble. Le lendemain matin, une agréable surprise nous attend : Françoise fait part à chacun de la description de sa famille d’hébergement, de son institution de séjour et du travail à accomplir.

Mon séjour se passera à San José de los Remates situé au centre du pays, dans un village agricole d’une dizaine de milliers d’habitants soucieux de leur environnement, un endroit entouré de montagnes verdoyantes. Je suis comblé, grand amoureux de la nature, je serai au cœur même de celle-ci qui se déploiera sans cesse devant mes yeux. Ma logeuse, Juanita, qui porte le prénom de ma grand-mère, est veuve et a un adolescent, Pedro, qui a très hâte de me voir. Moi-même très jeune orphelin de père, je comprends son sentiment et je vois cela d’un bon œil. Arrivé chez eux, on me loge dans l’arrière-cour, côté jardin. Je suis heureux de la nature qui sera à mes pieds chaque matin lorsque j’ouvrirai la porte de ma chambre.

Je suis affecté à l’école primaire du village, dans une classe maternelle d’enfants de 5 ans, pour seconder la professeure. Bien que cela corresponde à ma préférence exprimée lors de mon inscription au stage, je doute de ma capacité à satisfaire aux besoins de l’institution, n’ayant aucune expérience en enseignement. Cependant, je découvre rapidement une fois sur place, que je n’avais aucune raison de m’inquiéter. En effet, il est facile de trouver en soi les ressources d’entraide lorsqu’un enfant te regarde dans les yeux et te dit : « Ayuda me Señor Guy ». Je l’aide alors à écrire son alphabet et ses chiffres et à dessiner. À la récréation, nous jouons ensemble au ballon, jeu si populaire au Nicaragua. Parfois, je préfère les observer, fasciné par les jeux qu’ils s'inventent. Ces enfants m’adoptent plus vite que ma capacité à apprendre leurs noms, d’autant plus qu’ils ont deux prénoms et deux noms de famille pour la plupart. Mon arrivée en classe coincide avec le début de l'année scolaire. C'est le bon moment pour moi de participer à la décoration de la classe. Je fais aussi des dessins sur posters qui serviront à l'apprentissage des enfants en les affichant sur les murs.

Je peine à résumer en si peu de mots un séjour aussi intense et chaleureux. Tel que je le souhaitais avant mon départ, Jjai pu voyager autrement et connaître véritablement autrui en partageant son quotidien. Le temps passé au Nicaragua m’a rendu le centuple de ce que j’ai apporté. Merci à SOL-SUD pour tout !