Cécile Lederer

Pérou
2020

Rapatriement de Lima

Le 26 mars enfin, nous sommes partis en minibus vers l’ambassade du Canada. Il était 7h15 et nous devions nous présenter à 8h. Le quartier autour de l’ambassade était bouclé par des barrages de policiers et des voitures clignotantes. Nous étions 450 à prendre le vol ce jour-là et la file des « rapatriés » était déjà longue. L’atmosphère était fébrile. Le personnel de l’ambassade circulait pour répondre à nos questions en français, en anglais, en espagnol et pour s’assurer que nous avions bien acheté notre billet de retour à 1400 $. Plusieurs tables étaient installées dans la rue. On y vérifiait passeport, confirmation de vol et l’on s’assurait que notre nom était bien inscrit sur la liste. Nous montions ensuite dans un autocar qui, heureusement, avait une toilette. Après un temps d’attente, nous sommes partis vers la base militaire de Callao. Un employé de l’ambassade nous accompagnait. Nouveau temps d’attente dans les autobus devant la base. Enfin, nous sommes entrés sur la base et nous avons aperçu notre avion d’Air Canada, mais on nous a amenés dans la direction tout à fait opposée. Avant de monter dans l’avion, il fallait se soumettre à toutes les formalités d’embarquement. Sous des tentes blanches et à la queue leu leu, nous devions nous asseoir sur des chaises de plastique blanches devant nos bagages pour le contrôle de sécurité. On a estampillé notre passeport et deux agents avec leur chien sont passés pour renifler les bagages. Enfin, nous sommes retournés vers l’avion et nous avons décollé à 14h10. À la porte de l’avion, des agents de bord nous ont accueillis avec le sourire, en agitant le drapeau du Canada ou en portant sur la tête un bandeau planté de deux petits drapeaux unifoliés. Nous savions qu’ils étaient tous volontaires pour nous rapatrier et que nous n’aurions pas de nourriture périssable durant le vol. Nous étions tous les neuf l’un à côté de l’autre dans la même rangée. C’était rassurant. Il y avait deux bouteilles d’eau et des écouteurs sur chaque siège. Nos vols pour Montréal puis Québec étaient réservés, mais nous avions une certaine appréhension de ce qui nous attendait à Toronto. Certaines rumeurs depuis la veille voulaient que les voyageurs doivent y faire leur quarantaine. L’avion a décollé sous des applaudissements et assez rapidement, les agents de bord ont servi un plat chaud sans plateau, ni salade, ni dessert, ni boisson chaude ou froide, mais avec deux sacs de grignotines : chips, amandes, barre tendre, etc. De vrais sacs d’Halloween pour adultes ! Il fallait se débrouiller avec ça pour tout le voyage. Les agents de bord ne repassaient que pour nous présenter des bouteilles d’eau qu’ils se gardaient bien de toucher. Entre lecture, films, sieste, grignotages, etc., nous sommes arrivés après 8 heures de vol à Toronto. Il a fallu attendre assis dans l’avion pour qu’on nous lise les mesures de quarantaine à suivre. Avec l’heure de décalage, nous n’avions qu’un peu plus d’une heure pour attraper le vol vers Montréal de minuit et demi. Passer la sécurité et les douanes, attendre les bagages, affronter une employée unilingue anglaise impatiente qui nous traitait en pestiférés, repasser la sécurité, ce fut la course dans cet immense aéroport. Personne n’a pris notre température. Au guichet de contrôle de sécurité, il fallait juste cocher oui ou non à la question: avez-vous des symptômes de COVID? Arrivés à Montréal dans un aéroport désert à 2h du matin, il a fallu attendre le vol de 8h15 vers Québec. Chacun s’est installé comme il a pu. Vers 4h du matin, l’aéroport a repris peu à peu ses activités. Des comptoirs de cafésandwich étaient ouverts. Enfin, un bon café avant le retour au bercail ! Je remercie tous ceux qui m’ont soutenue en pensées, par des démarches ou des mots d’encouragement. Je ne me suis jamais sentie abandonnée. Jamais je n’ai eu peur et c’est le cas, je pense, pour les autres membres du groupe. Nous nous sentions en sécurité dans notre hôtel où nous avons été confinés pendant plus de 10 jours. Notre responsable de groupe, Bernard, a été formidable et les responsables de SOLIDARITÉ SUD nous ont épaulés par tous les moyens possibles. Mille fois merci à vous tous !